LA FOI DE L'AUTRE
Le 14 mai 2024, dans la salle de l'Ancyse à Bagnols sur Cèze, Christian Salenson répondait à l'invitation de la Fédération ACI de Bagnols.
J’ai intitulé cette réflexion : la foi de l’autre. La question posée par des chrétiens en ACI porte sur la considération de la foi de l’autre ?
Je dois commencer par quelques remarques préliminaires. Cette réflexion est celle de chrétiens qui ne cherchent pas à polémiquer avec les autres croyants. Nous ne cherchons pas non plus ce soir à débattre sur l’islam. Il nous faudrait pour cela convoquer les compétences voulues. Notre rencontre est celle de chrétiens qui écoutent ce que dit l’Eglise sur la relation aux autres religions. Elle demande « de ne rien rejeter de ce qui est vrai et saint » dans les autres religions et d’accueillir les autres croyants sans polémiquer avec eux.
La deuxième remarque je l’emprunte à Christian de Chergé qui disait que « l’on rencontre toujours l’autre au niveau où on le cherche ». Celui qui veut discréditer l’Eglise, fera appel à l’inquisition mais celui qui voudra rencontrer son message évangélique regardera les figures de sainteté comme François d’Assise. Il en va de même envers les autres traditions religieuses. Il faut donc aller vers l’autre, disposé à recevoir ce qu’il vit de beau.
Troisièmement donc nous nous mettons à l’écoute de chrétiens en ACI qui se sont laissés bousculer, émerveiller par le témoignage, en particulier celui d’une musulmane. Nous allons commencer par écouter ce témoignage. Puis, je vous proposerai quelques éléments de réflexion sur la foi. Puis, dans une seconde partie de l’exposé, j’essaierai de dire ce qu’est la croyance, chrétienne et musulmane.
Témoignages lus
« J’aimerai vous faire part d’un fait de vie qui me surprend agréablement. Ma tante a une auxiliaire de vie, environ une quarantaine d’années, née d’une famille chrétienne mais qui est maintenant convertie à l’Islam. Lorsqu’elle est arrivée voilée nous avons été́ très étonnées une fois au travail elle se met à l’aise, elle s’est révélée être très efficace humaine, nous avons souvent discuté avec elle. Dernièrement elle nous a expliqué qu’elle ne pourrait plus se déplacer car pour pouvoir commencer à travailler elle a bénéficié́ d’une voiture de location financée par pôle emploi pour son insertion dans le monde du travail et le contrat arrive à son terme. Cette femme n’arrêtait pas de nous dire : « Mais je ne me fais pas de souci, ça s’arrangera ». Pour Noël elle m’a envoyéé un sms : « J’ai foi en tout ce qui nous arrive, c’est un bien de Dieu qu’il nous a envoyé́ et qui est là pour nous rendre plus humain ». Je me suis dit un chrétien ne dirait pas mieux, en termes de foi avec un « F » majuscule qu’est-ce qui nous sépare ? Cette femme est lumineuse, elle porte un témoignage de Dieu Universel.
Autres témoignages ou réactions
Moi aussi je connais une personne qui a une aide-ménagère qui lorsqu’elle s’est présentée est arrivée toute vêtue de sa tenue noire mais quand elle s’est mise au travail elle s’est mise en tee-shirt tenue ordinaire à l’intérieur.
Moi je sens cette auxiliaire de vie femme libre.
Moi je les vois joyeuses, heureuses, quand elles viennent à l’association. »
La meilleure connaissance des personnes modifient notre regard :
on s’interroge : « leur foi est -elle plus ancrée que la nôtre »
« Les hommes regardent l’apparence, et Dieu regarde le cœur » Samuel
1 La foi vive
La foi ne doit pas être confondue, ni identifiée avec la croyance. Je l’appelle la foi vive en référence à Paul Ricoeur. La croyance est un compendium d’articles de foi qu’une religion expose et auxquels elle demande une adhésion de ses adeptes. La croyance se trouve résumée dans un Credo ou un catéchisme. Les croyances sont diverses d’une religion à l’autre même si comme on le dira ultérieurement, elles se recoupent parfois.
La foi est un acte de toute la personnalité (Paul Tillich) et pas uniquement de l’esprit. Elle convoque sa raison, mais aussi son émotion, sa sensibilité son intuition etc. Elle consiste à donner sa confiance aux autres et à Dieu. Elle ne s’évalue pas par le degré d’adhésion à un Credo mais par la confiance manifestée. Elle est un acte de la vie concrète. Elle contribue à définir la qualité du vivre. La foi est un acte du vivre.
Dans les Evangiles on a un exemple particulièrement significatif : la foi du centurion romain… etc.
Texte Luc 7, 1-10.
01 Lorsque Jésus eut achevé de faire entendre au peuple toutes ses paroles, il entra dans Capharnaüm.
02 Il y avait un centurion dont un esclave était malade et sur le point de mourir ; or le centurion tenait beaucoup à lui.
03 Ayant entendu parler de Jésus, il lui envoya des notables juifs pour lui demander de venir sauver son esclave.
04 Arrivés près de Jésus, ceux-ci le suppliaient instamment : « Il mérite que tu lui accordes cela.
05 Il aime notre nation : c’est lui qui nous a construit la synagogue. »
06 Jésus était en route avec eux, et déjà il n’était plus loin de la maison, quand le centurion envoya des amis lui dire : « Seigneur, ne prends pas cette peine, car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit.
07 C’est pourquoi je ne me suis pas autorisé, moi-même, à venir te trouver. Mais dis une parole, et que mon serviteur soit guéri !
08 Moi, je suis quelqu’un de subordonné à une autorité, mais j’ai des soldats sous mes ordres ; à l’un, je dis : “Va”, et il va ; à un autre : “Viens”, et il vient ; et à mon esclave : “Fais ceci”, et il le fait. »
09 Entendant cela, Jésus fut en admiration devant lui. Il se retourna et dit à la foule qui le suivait : « Je vous le déclare, même en Israël, je n’ai pas trouvé une telle foi ! »
10 Revenus à la maison, les envoyés trouvèrent l’esclave en bonne santé.
Jésus dit qu’il n’a jamais rencontré en Israël une telle foi ! Or le centurion (officier- 100 hommes) ne connaissait pas le Credo chrétien qui n’avait pas encore été rédigé (325 et 465 ) ! Il ne connaissait même pas la foi juive. Il était romain. Il était probablement polythéiste. En tout cas, professionnellement il adorait l’empereur etc. Or Jésus dit qu’il n’a jamais rencontré pareille foi en Israël ! A vrai dire le centurion est un idolâtre ! Vous imaginez : donner en exemple à des juifs la foi d’un païen idolâtre, de surcroît militaire et donc impur, étranger et donc doublement impur. Cette attitude va à l’encontre de la Torah qui dit dès le début qu’il ne faut pas avoir d’idole.
La foi d’un païen est exemplaire pour les juifs ! En vous étonnant de la foi de cette dame musulmane, vous avez fait exactement la même chose que Jésus. Vous avez reconnu dans la foi d’une musulmane, une foi équivalente à celle d’un chrétien… et vous aviez même peut-être envie de dire comme Jésus : j’ai rarement rencontré une telle foi chez les chrétiens !
Vous prenez un risque ; Jésus se l’ai vu reprocher par ses compatriotes. Si vous savez admirer la foi de non-chrétiens et de musulmans de surcroît, vous trouverez quelques bonnes âmes pharisiennes ou scribes pour vous le reprocher. Il vaut mieux le savoir. Cela fait partie du menu ! et même à cause de cela et de quelques autres libertés de Jésus, cela s’est mal terminé pour lui …
Que fait Jésus ? Il s’en réjouit et remercie Dieu son Père ! Et vous ? Qu’avez-vous fait ? Votre étonnement fut votre prière ! Et ce que je dis à la suite de Jésus pour la foi d’un musulman peut se dire pour la foi d’un agnostique.
Nous voyons alors que la foi ne peut pas être confondue avec la croyance, même si on utilise le même mot pour désigner deux réalités assez différentes : la créance et le croire, disons la confiance et la croyance.
Qu’est-ce que la foi vive ?
Relevons encore que la foi est une. Elle consiste dans la confiance mise en Dieu, indépendemment du corpus de croyance. La démarche est la même. Donc nous pouvons dire que du point de vue de la foi vive, il n’y a pas de séparation profonde entre nous, chrétiens et musulmans en l’occurence. Cela nous autorise à nous rencontrer, à partager profond à partir de notre vie, à nous réjouir de la foi de l’autre. On peut même y voir une certaine émulation.
La foi est vitale. Elle est un acte de la vie. Elle est en réponse à « ce qui m’arrive ». Ce qui m’arrive n’est pas anodin. Il faut savoir lire les signes. « Il y a des signes pour ceux qui savent voir » dit le Coran. Jésus reproche aux disciples de savoir lire les signes météorologiques mais de ne pas avoir lire les signes des temps. La vie m’apostrophe. Elle appelle de moi une réponse personnelle. La dame musulmane se trouve sans véhicule. Elle peut avoir des réactions diverses. Elle choisit la confiance. Elle croit que de cette pauvreté quelque chose peut naitre. A-t-elle tort ou raison ? Personne ne peut en juger ! C’est elle qui décide de faire confiance. Vous trouveriez cette recommandation assez fréquemment dans l’ensemble de la Bible.
La foi est une réponse à ce qui m’arrive. Parfois ce sont des cadeaux de la vie (la grâce) et alors dans la foi je rends grâce. Parfois ce sont des problèmes à résoudre, alors dans la foi je décide de répondre en faisant confiance etc.
Si je manque totalement de foi, je ne peux pas vivre. Pour vivre, il faut croire . Il faut croire en l’amour, il faut croire au lendemain, il faut croire dans des personnes, croire en Dieu. Mais vous pouvez avoir des « gros catholiques ! » qui ne croient pas !
Un croyant, chrétien ou musulman, peut dire : « je crois en Dieu » et ne pas se risquer dans la vie avec les autres, se fier à personne, n’avoir aucune confiance dans la vie. On peut alors se poser sérieusement des questions sur ce qu’il dit quand il affirme je crois en Dieu. Une autre personne peut dire : « moi je ne crois pas » ou « je ne sais pas« . Que dit-elle ? Elle dit qu’elle est distante de la croyance mais elle peut très bien vivre sa vie dans la confiance à l’instar du Centurion de l’Evangile. Sa vie dans la foi contredit sa confession d’athéisme. Mais il reste vrai qu’elle a une vraie distance avec la croyance. Il peut y avoir toutes sortes de raison… Je respecte bien évidemment cette retenue mais pour moi, disciple de Jésus, je ne peux séparer l’un de l’autre. Je ne lui demande pas de croire que la confiance qu’il met en son conjoint est déjà foi en Dieu mais moi, je crois que lorsque quelqu’un se fie à un autre, il est dans une démarche de foi, même s’il ignore.
Vous comprenez bien que je me situe au niveau de la foi vive et pas encore de la croyance. La foi selon l’Evangile se vérifie non pas aux croyances que l’on proclame mais à la foi vécue. Les docteurs de la loi était parfaitement au fait de la croyance mais ils sont dénoncés par Jésus comme n’étant pas des hommes de foi ! Ce sont des experts de la croyance qui ne croient pas ! Cette menace pèse sur les hommes religieux et peut même être une maladie particulièrement attachée à l’engagement et à la responsabilité dans la religion.
Nous comprenons ce qu’est la foi vive. Elle est comme élan de notre être qui nous fait mettre notre confiance en Dieu, soit pour l’ensemble de notre vie, soit pour tel ou tel moment, situation ou rencontre. Elle est une expérience commune de la vie, mais elle n’est jamais banale.
La peur
Qu’est-ce que le contraire de la foi ? Le doute ? Probablement est-ce plutôt la peur. Le contraire de la confiance c’est la peur. D’ailleurs Jésus quand il se manifeste aux apôtres, il leur dit de ne pas avoir peur. Il ne leur dit pas : ne doutez pas même s’il le dit à Thomas mais « n’ayez pas peur ! » La peur est un sentiment légitime mais il ne faut pas que la peur prenne le pas. On ne conduit pas bien sa vie en étant guidée par la peur. La peur fausse le jugement. La peur est assez irréaliste car la plupart du temps on a peur pour des choses qui n’arriveront jamais.
Il est bon de laisser résonner dans sa vie le « N’ayez pas peur » que Jésus adresse à tous ses disciples au cours des siècles.
La fidélité
Il y a un autre terme qui n’est pas sans rappeler la foi, c’est la fidélité. La fidélité c’est donner et redonner sa foi à l’autre.
La fidélité consiste à croire en l’autre. On connait les limites de l’autre surtout s’il s’agit d’un proche mais on lui renouvelle notre confiance. Et réciproquement !
Personnellement, il y a une fidélité à soi-même qui est une confiance en soi et qui est aussi le renouvellement de sa confiance dans le chemin que l’on a pris, dans ses choix. Je crois en certains combats. J’ai foi. Il y a une foi des militants qui est une fidélité à leur cause.
Est-ce de la foi en Dieu ou de la foi en l’homme ? Il ne faut pas trop séparer les deux car comme le dit Jésus aimer Dieu et aimer l’homme sont deux commandements qui sont semblables. Le drame de la religion fut la séparation avec la vie. En Action catholique on est particulièrement sensible à ne pas faire cette division. La foi en Dieu se vit, se joue, dans la foi en la vie. « celui qui dit qu’il aime Dieu et qu’il n’aime pas son frère est un menteur. On pourrait le dire pour la foi. Mais a contrario celui qui dit qu’il aime connaît déjà Dieu, même s’il en a pas une conscience vive. Pareillement pour la foi.
A partir de ces quelques remarques, je peux reconnaître dans la foi d’un autre croyant une vraie démarche de foi. J’ai des amis musulmans qui sont d’authentiques croyants en Dieu et qui me reconnaissent aussi comme croyant. La foi nous unit ! La foi vive nous réunit !
La force de la foi
La foi sauve
Dans la révélation chrétienne on n’est pas sauvé par les œuvres de la Loi mais par la grâce moyennant la foi. Ce qui signifie que n’on n’est pas sauvé (le salut est « la vie en abondance » Jean 10, 10) par les œuvres de la Loi (tout ce qu’on fait …) Mais par la grâce ( ce que l’on reçoit, la manne, le pain quotidien, les cadeaux de la vie reçus jour après jour ), moyennant la foi ( à condition de faire confiance … ). La foi sauve. A vrai dire ce qui sauve c’est la grâce moyennant la foi. Ce qui sauve ce sont tous les cadeaux reçus de Dieu tout au long de la vie et la confiance qu’on leur accorde.
« Qu’as-tu que tu n’aies reçu », dit l’apôtre. Cela s’appelle la grâce. Il faut y croire !
Parfois ce sont des ennuis graves mais alors c’est la foi qui est convoquée mais surtout à ce moment-là l’espérance. On en parlera un autre jour.
La foi transporte les montagnes.
Texte. Jésus dit à ses disciples : « si vous aviez une foi grosse comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne, va te jeter dans la mer, elle irait ».
Bien sûr, il s’agit d’un propos symbolique mais qui peut nous parler très directement. Les montagnes représentent ce qu’il nous faut franchir et/ou gravir ! La foi permet de sur-monter les montagnes. Parfois il faut faire face à des obstacles réels et la foi permet de les escalader. On ne fait pas de grandes choses sans la foi !
Et puis il y a ces autres montagnes, celles que nous nous faisons pour rien du tout. Elles, elles s’évanouissent devant la foi.
L’hymne à la foi
Il y a un tres beau texte dans la lettres aux Hébreux sur la foi des anciens Hbx 11. Nous nous inscrivons dans le prolongement de leur foi.
L’hymne commence en disant : « par la foi nous comprenons que les mondes ont été formés par la Parole de Dieu de sorte que ce que l’on voit ne provient pas de ce qui est manifeste ». Il établit une distinction ainsi entre ce que nous voyons et ce qui demeure invisible. Vous n’en restez pas aux apparences.
La foi fait voir ce qui ne se voit pas !
La foi d’Abraham
« Par la foi Abraham reçut un appel à partir vers un pays qu’il allait recevoir en héritage ». « Et il partit sans savoir où il allait… »
Il s’est mis en route … dans la foi ! Comme vous le jour où vous vous êtes embarqués dans une profession, un couple, une amitié etc.
A contrario vous avez peut-être fait l’expérience qu’il suffit de ne plus y croire pour que tout s’arrête.
La foi de Moïse
Le texte dit qu’il conduisait le peuple pour sortir d’Egypte et il marchait « comme s’il voyait l’invisible ». On ne dit pas qu’il voyait l’invisible… mais il avait la foi.
Il faut sortir de la situation d’esclavage. Et on ne sort pas de nos ornières, de nos échecs, de nos fermetures sans la foi.
Parfois, vous vous êtes dit : il faut y croire ! Vous aviez raison !
II- La croyance
Se pose alors la question de la croyance. Comment aborder la question ? Il est clair que la croyance d’un chrétien n’est pas identique à celle d’un musulman et qu’il ne servirait à rien de le nier. Nous devons d’abord dire en quoi la croyance se distingue de la foi. La foi est une réponse à ce qui m’arrive dans la vie… la croyance est une somme d’articles de foi. Le credo est constitué d’articles de foi. il exprime la croyance de l’Eglise. Il a l’Eglise comme auteur. Il ne dit pas tout du mystère de Dieu. Il en donne quelques aspects.
On distingue le credo et la confession de foi. Le credo est ce que confesse l’Eglise et que je confesse avec elle même si je ne comprends pas tout…
La confession de foi est ce que je peux dire de ma croyance. Par exemple, je confesse que Dieu est créateur parce que quand je vois le monde et l’univers, je me tourne vers une origine, une Source.
Par contre je ne confesse pas l’Eglise est une… Je vois qu’elle est divisée, entre des confessions différentes et même à l’intérieur. Donc l’Eglise une, je ne sais pas bien ce que cela veut dire. Mais je fais confiance à l’Eglise et je récite le credo avec l’ensemble de l’Eglise.
Que dit l’Eglise des religions en général ?
L’Eglise catholique a décidé lors du concile Vatican II de dire qu’elle ne « rejetait rien de ce qui est vrai et saint » dans les autres religions, toutes religions confondues. De leurs rites, de leurs doctrines. Elle a dit aussi que les religions étaient traversées par un « Rayon de la Vérité… » Qu’est ce que la vérité pour les chrétiens ? Le Christ. Donc il y a une certaine présence du Christ dans les autres religions.
Elle a dit que la pluralité religieuse est le fruit « d’une sage volonté divine ». Donc que Dieu a voulu une certaine diversité religieuse. Comme il y a une diversité de sexes. Elle n’a pas dit que toutes les religions se valent ! Elle a dit que dans les religions, il y a de bonnes choses.
Jean-Paul II a dit que l’Esprit saint était présent non seulement dans les cœurs. « Il a été répandu dans tous les cœurs » mais aussi dans les cultures et dans les religions .
L’Eglise a dit aussi qu’il fallait rentrer en dialogue avec les autres croyants et même avec les autres traditions religieuses.
La croyance commune avec l’islam
Je ne dirais pas ce que dit tel ou tel prêtre ou évêque ! ni ce que dit Christian Salenson ! Non je vais dire ce que dit l’Eglise de la croyance commune et différente entre la révélation chrétienne et la révélation musulmane. Je m’interroge sur : que dit l’Eglise ? et la réponse que je donne est celle de l’Eglise. Il faut faire très attention de ne pas se laisser égarer par l’ignorance ou bien par des représentations fausses.
Il y a des différences de croyances mais il y a des croyances communes. Il faut toujours commencer par ce qui est commun parce que l’unité est plus « fondamentale, radicale et déterminante » que la différence . On ne commence pas par dire les différences parce que les différences sans l’unité nous conduiraient à la division et au conflit. On ne rentre pas en relation avec quelqu’un en faisant la liste de tout ce qui est différent sans quoi vous passez très rapidement des différences aux divisions et des divisions aux conflits.
Dieu unique et miséricordieux
« Avec nous ils adorent le Dieu unique et Miséricordieux » LG 16. Cette phrase est tirée d’une constitution dogmatique. Donc cela signifie qu’elle a un fort degré d’autorité. Il est difficile de refuser ce qui relève de la foi de l’Eglise. Aucun évêque ou prêtre n’est au-dessus de la foi de l’Eglise. Aujourd’hui, il faut parfois le rappeler.
Les musulmans n’ont aucun problème pour dire que nous avons un seul Dieu car pour eux la question de la trinité ne se pose pas. Certains chrétiens ont dit : ce n’est pas possible parce que les musulmans ne croient pas à la Trinité ! Certes les musulmans ne croient pas en la Trinité. Mais le peuple juif non plus ! Qui oserait dire que nous n’avons pas le même Dieu que les juifs ?
Christian de Chergé disait : ce n’est pas parce que nous avons des points de vue différents sur Dieu que nous n’avons pas le même Dieu. Nous avons des points de vue différents ! Ok. Nous les chrétiens, nous confessons un seul Dieu comme les musulmans mais ce Dieu pour nous est trinitaire. Il est Père Fils et Esprit. Mais il est d’abord Un. Les musulmans ne confessent pas avec nous que Dieu est trinité mais ils confessent avec nous qu’il y a un seul Dieu.
Enfin opposer le Dieu trinitaire à l’unicité de Dieu ce serait ignorer la tradition de l’Eglise qui affirme au concile du Latran 1215 : l’Unité est première et les personnes divines n’affectent pas cette unité.
Miséricordieux. Nous avons la même foi sur le Miséricordieux. La miséricorde est très présente dans le Coran. Ce n’est pas une qualité de Dieu (théodicée ) c’est sa nature. Il a fallu se le rappeler au moment du synode sur la famille. Certains opposaient la justice à la Miséricorde sauf que la Miséricorde fait partie de la nature de Dieu et la justice en est un attribut. Et donc la manière d’exercer la justice pour Dieu, c’est la Miséricorde.
La conséquence de cette foi commune au Dieu unique et miséricordieux est que nous pouvons prier ensemble et pas uniquement être ensemble pour prier. (c’est plus compliqué avec l’hindouisme par exemple… )
Le pape Jean-Paul II a eu cette belle expression qui a éclairé la foi de l’Eglise : « Toute prière authentique est inspirée de l’Esprit saint ». Quand l’autre prie, il prie Dieu et quand je prie je prie Dieu …
Je demande : que ton nom soit béni ! précisément c’est ce que fait le musulman. Que ta volonté soit faite, c’est ce que dit le musulman ! L’Eglise s’en réjouit !
L’Eglise reconnaît ce que les musulmans disent de Jésus
On ne commence pas par dire : les chrétiens ne croient pas que Jésus est le fils de Dieu. Oui c’est vrai mais si ce n’était pas le cas ils seraient chrétiens ! Donc cela ne sert à rien de le dire ! Il vaut mieux regarder ce que le Coran dit de Jésus. A cause des conflits qui nous ont opposé et surtout de la colonisation, les musulmans parlent moins de Jésus, surtout que beaucoup ont une faible connaissance de leur religion ? Mais, en Islam, Jésus est le plus grand des prophètes ! Le mystique Ibn Arabi : « celui qui a rencontré jésus a contracté une maladie dont il ne guérira jamais ! » Il y a une vraie dévotion, un attachement des musulmans à Jésus sauf bien sûr si on veut les convertir !
Ils croient à sa naissance virginale. Il n’est pas mort. Il est vivant auprès de Dieu. Il est monté aux cieux. Il reviendra juger les vivants et les morts à la fin des temps. Il est le plus grand des prophètes. C’est pas mal !
Nous pourrions développer cela plus longuement ainis que la place de Marie, la vie morale etc. Mais ce que nous venons de dire de commun dans la croyance suffit à fonder une relation privilégiée.
Comment vivre la rencontre avec les musulmans ?
La foi vive nous rapproche et nous pouvons nous aider à faire confiance en Dieu ! La foi en Dieu nous unit !
La croyance nous rapproche sur la foi au Dieu unique et miséricordieux, sur le Christ comme plus grand des prophètes, sur Marie, etc. Mais la croyance aussi nous sépare. Nous pouvons nous enrichir de nos différences. Elles montrent que nous n’avons pas la même manière de voir les choses, de prier, de point de vue sur Dieu, etc. Mais ce n’est pas un fossé qui nous sépare… sauf quand les religions instrumentalisent les différences pour servir des projets politiques ou leur propre intérêt au détriment du Royaume.
A cause des différences, d’une longue histoire d’opposition, d’une colonisation/ décolonisation mal assumées, dans notre inconscient collectif, des barrières se sont dressées, des représentations barrent l’accès à l’autre et à sa religion.
Aujourd’hui, le chemin est le plus assuré est l’amitié ! sans prétention …
Conclusion
Nous sommes disciples de Jésus et cela ne nous autorise pas à nous couper de tous les autres qui sont nos frères. La religion peut nous séparer, la foi nous rapproche et plus on est spirituel plus on se rapproche de ceux qui ne croient pas tout à fait comme nous.
Notre origine en Dieu est commune et notre destinée est commune. On emprunte l’image biblique du banquet pour comprendre que notre vocation nous appelle tous à nous asseoir à la même table qui est celle que le Père a dressé dans le Royaume pour tous les hommes.
Quand il nous arrive de vivre des moments d’émerveillement devant la foi de l’autre ou de ce qu’il fait, alors goûtons-le comme un moment où le ciel est déjà sur la terre et rendons grâce au Père pour qui nous sommes tous ses enfants et qui n’a pas de plus grande joie que de nous voir réunis.
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